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Adhésion StatutsPour chacun des Trophées Tangente 2018, le jury a désigné un vainqueur ainsi que des mentions spéciales pour des travaux dignes d'être distingués.
Le 02 décembre 2018 a eu lieu la remise des prix au musée des Arts et Métiers lors de la journée Tangente.
Découvrez le palmarès
Le prix Tangente a été attribué à l'Art de ne pas dire n'importe quoi, de Jordan Ellenberg, traduit en français par Françoise Bouillot et paru aux Éditions Cassini. Ce mathématicien américain est un habitué des chroniques scientifiques, en particulier dans le New York Times et le Washington Post.
L'ouvrage est certes imposant (près de cinq cents pages), mais son style léger en rend la lecture agréable, tant pour le néophyte que pour le spécialiste. Il aborde des thèmes de la vie courante allant des plus sérieux aux plus anecdotiques. À l'opposé d'un cours, le ton n'est en rien professoral, mais se rapprocherait plus d'une causerie. Ellenberg possède une prudence méthodologique et utilise les maths comme outil de compréhension de la société. Le lecteur français pourra découvrir le regard caustique de l'auteur sur la société américaine et quelques-uns de ses travers. Il sera aussi amusé par certains titres originaux comme « L'opinion publique n'existe pas ». Peut-être ce livre l'aidera-il à peser ses arguments pour ne plus dire n'importe quoi ? C'est en tout cas le but recherché.
Si l'Art de ne pas dire n'importe quoi prouve quelque chose, c'est que le divorce entre les mathématiques et la vie réelle est une illusion. Si l'on ne voit pas les maths cachées partout autour de nous, c'est à cause d'un aveuglement dû à l'habitude, mais surtout à un manque de volonté : pour y remédier, il suffit d'ouvrir grand les yeux, les oreilles… et le cerveau !
Les maths ne sont pas que des nombres, elles sont aussi la faculté de raisonner logiquement, à partir d'hypothèses bien posées. On rencontre dans le livre toute une série d'« évidences » si peu évidentes qu'elles nous font bondir. Deux mille euros ne valent pas deux fois mille euros… du moins pas si la valeur en est mesurée par des unités d'utilité réelle. Car mille écus sont visiblement moins utiles à qui en a déjà mille qu'à celui qui n'a rien. Autrement dit, le niveau de fortune d'un riche est mesuré plus raisonnablement par le nombre de chiffres de la somme d'argent qu'il possède que par la somme elle-même. Avec virtuosité, l'auteur, résolument optimiste, nous mène des mathématiques vers la théorie de la décision. Est-ce que j'achète ce billet de loterie ? Est-ce que je dois vraiment obéir à l'injonction d'arriver avec trois heures d'avance à l'aéroport ? Réponses dans l'ouvrage !
Le jury a accordé en outre une mention au livre les Refus de Grigori Perelman, de Philippe Zaouati, aux Éditions Pippa. Ce petit ouvrage de lecture facile raconte la rencontre du chercheur russe et de John Ball, président de l'Union mathématique internationale, tentant de convaincre Perelman d'accepter la médaille Fields 2006. Comme le dit Fabien Aoustin dans la note de lecture qui lui a été consacrée dans Tangente 183, le face-à-face entre les deux hommes est tour à tour tendu, exalté, complice… L'auteur imagine les propos échangés à travers les ponts et les rues de la mythique cité de Pierre le Grand, Saint-Pétersbourg.
« C’est un sentiment très différent de recevoir un prix émanant directement du choix des lecteurs et c'est particulièrement touchant quand ce sont de jeunes lecteurs. Il y a encore beaucoup de choses à faire pour la diffusion des maths. Il est nécessaire de transmettre cette passion et cette envie aux jeunes pour qu'ils puissent à leur tour reprendre avec plaisir et talent le flambeau de cette science multimillénaire. »
C’est ainsi qu’a réagi Mickaël Launay à ce nouveau succès. Après un bac S en 2002 et deux années de prépa, il intègre l'ENS Ulm, puis termine son parcours universitaire par une thèse de probabilités, qu'il soutient en 2012. Depuis, il est vulgarisateur. « Mon métier consiste à expliquer les maths à des publics très différents et à trouver des façons nouvelles et originales de les montrer. Cela passe par des vidéos, des livres, des conférences, des animations lors de salons ou de festivals...»
Pour la suite, il a plusieurs autres projets de livres. Il a aussi publié l'Affaire Olympia (Le Pommier, 2013), un roman pour enfants qui raconte une enquête mathématique dans les rues de Paris. C'était son premier livre ? Pas tout à fait. Alors qu'il était encore lycéen, Mickaël a cosigné, avec son prof de maths de l'époque, Dominique Souder (spécialiste de magie mathématique), un livre d'énigmes paru aux Éditions POLE.
Les mathématiques sont partout, il n'y a rien d'original à le dire. Il est moins classique d'affirmer que tout lieu évoque les mathématiques. C'est pourtant le premier fil directeur de la belle promenade que nous propose Mickaël Launay.
Le Louvre ? Comment ne pas disserter sur les pyramides, mais aussi sur ces formes symétriques remontées de la Préhistoire qui associent les débuts de l'humanité à ceux de la géométrie ? La Cité des sciences ? Parlons donc de la structure de la Géode, qui n'est pas un polyèdre régulier, pour la bonne raison que ces polyèdres, il n'y en a que cinq... Tiens, la formule d'Euler n'est pas loin !
Si le premier fil directeur est l'espace, le deuxième, celui qui permet à l'auteur de prendre le lecteur par la main, est le temps. Le temps qui égrène l'histoire, dont chaque époque, chaque événement marquant peut être associé à un progrès des mathématiques. Les personnages défilent, et si l'on n'a pas oublié leur nom aujourd'hui, c'est qu'ils ont contribué aux progrès de la reine des sciences, que ce soit par un résultat marquant ou parce qu'ils ont permis à leurs contemporains de l'établir, comme ces gouvernants, rois ou khalifes qui ont protégé les scientifiques. Des résultats qui ne sont pas éludés : présentés avec des mots simples, ils suscitent la curiosité du lecteur non spécialiste sans lasser les autres.
Note de lecture de Gilles Cohen, parue dans Tangente 174 (p. 5), à retrouver sur le site tangente-mag.com avec plus de 300 autres notes.
Deux mentions ont été attribuées à :
La formule préférée du professeur, de Yoko Ogawa, Actes Sud
Mathématiques du crime, de Guillermo Martinez, Robert Laffont
Ce jeu, dont le programme en Python compte 693 lignes de programmation bien commentées, possède un design épuré et agréable, mais surtout un fond mathématique : pour les joueurs, du calcul mental pour trouver la meilleure solution, et, de la part des créatrices, l’appel au triangle de Pascal et aux coefficients binomiaux pour calculer les meilleurs chemins (le but du jeu) en partant de la dernière case, puis, grâce à la récursivité, en remontant à la première.
Le jeu du Hobbit s'inspire de l'univers du roman defantasy de l'écrivain britannique J.R.R. Tolkien et des aventures du hobbit Bilbo, qui se lance à la recherche du trésor gardé par le dragon Smaug.
Bilbo est dans l'antre de Smaug et il découvre une zone jonchée d'or, représentée par un immense escalier dont les marches sont larges et très hautes.
À partir du haut de l'escalier, Bilbo doit sauter sur les marches inférieures jusqu'à atteindre la sortie ; sur chaque marche se trouvent des pièces d'or qu'il peut ramasser.
Seulement, il n'est pas possible de les ramasser toutes : le jeu est conçu de sorte qu'aucun retour vers le haut, ni déplacement sur le côté, n’est possible.
Dans ce jeu en solitaire, l'utilisateur évalue son niveau grâce à un pourcentage de réussite et à la difficulté du parcours choisi.
Exemple de progression d'un joueur en mode « facile ».
Le prix 2018 a été attribué à Clément Lelièvre pour les Hallucinantes Propriétés de l'infini, qui s'intéresse plus particulièrement à la série harmonique (Σ 1 /n), divergente, et à la série alternée correspondante (Σ (-1) n /n), qui, elle, converge. Chose extraordi-naire : en réarrangeant astucieusement les termes de cette dernière, on peut faire atteindre à sa somme n'importe quel nombre donné !
Une mention a été attribuée à Daniel Bouix pour l'article Combien de couleurs pour colorier les pavés d'un plan ?. Restant dans le thème qui a conduit au théorème des quatre couleurs, l’auteur adopte la démarche inverse : quels sont les pavages plans qui peuvent se colorier avec trois couleurs ? Il expose plusieurs pistes de réflexions ainsi qu'une méthode qui étend une propriété locale à l'ensemble du plan. Le lecteur, quel que soit son niveau, aura envie de se lancer lui aussi dans la recherche...