Le prix du meilleur article
Le Prix Tangente du meilleur article, qui existe depuis 2014, a pour objectif de récompenser un auteur non professionnel « ayant présenté, via un article inédit (écrit depuis moins d'un an et jamais publié dans un support professionnel), un sujet lié aux mathématiques ou à l'implication des mathématiques dans un autre domaine sous une forme attractive pour un vaste public. » (extrait du règlement).
Une des récompenses est la parution de l'article primé.
Le prix du meilleur article est organisé en partenariat avec le site CultureMath, l'APMEP et la SMF. Les participations pour l'édition 2023 sont ouvertes. Les futurs auteurs ont ensuite jusqu'au 30 septembre pour valider leur article.
L'article décrit de manière claire comment les savants de l’Antiquité ont inventé des méthodes astucieuses, basées sur les propriétés simples de géométrie et de trigonométrie, pour calculer le rayon de la Terre ou encore la distance de la Terre à la Lune et au Soleil. Le style accessible de cet article permet à un large public de comprendre ce domaine fascinant qu’est l'étude du mouvement des astres du système solaire.
Isabelle Santos est chercheuse en mathématiques appliquées à l’astrophysique.
Mesurer les distances dans le système solaire sera publié prochainement dans Tangente.
Le texte, fort bien écrit, tire son inspiration d'une nouvelle, Le stratagème, issue d'un livre de Jorge Luis Borges, le Livre de sable ; il met en scène trois personnages, le premier devant recruter l'un des deux autres. Le choix fait appel à des raisonnements logiques et paradoxaux, une modélisation logique de la littérature qui a enchanté le jury.
Homo academicus dans son labyrinthe a été publié dans le numéro 198 de Tangente.
Frédéric André a réalisé aussi récemment la traduction du livre de Terence Tao L'art de résoudre les problèmes de mathématiques (publié chez Cassini).
Cette année, le prix a été attribué à Antoine Rolland, universitaire lyonnais, spécialiste de statistique, pour son article
« Qui a (vraiment) le pouvoir au Parlement ? »
L'objet d'étude est le parlement européen élu en mai 2019.
En supposant que les non-inscrits votent de manière identique, il compte dix groupes politiques. Le pouvoir réel d'un groupe politique ne se résume pas à son nombre de sièges, car le jeu des coalitions de plusieurs groupes peut en décider autrement.
L'article Les Hallucinantes Propriétés de l'infini s'intéresse plus particulièrement à la série harmonique (Σ 1 /n), divergente, et à la série alternée correspondante
(Σ (-1) n /n), qui, elle, converge.
Chose extraordinaire : en réarrangeant astucieusement les termes de cette dernière, on peut faire atteindre à sa somme n'importe quel nombre donné !
Les Hallucinantes Propriétés de l'infini a été publié dans le numéro 186 de Tangente.
L'article s'intéresse à des propriétés des graphes finis, liées à une conjecture de 1946 du mathématicien hongrois Paul Erdös. La question au coeur de l'article est la suivante : si l'on prend n points (que l'on place comme on le souhaite), quel est le nombre maximal de segments de même longueur reliant ces points ?
Des points, des traits : en avant pour la fête des maths ! a été publié dans le numéro 180 de Tangente.
Cet article riche et original revient sur une controverse historique, quelque peu oubliée aujourd'hui, autour de l'interprétation des probabilités. Une pièce lancée à deux reprises a une chance sur quatre de tomber deux fois sur pile. Mais D'Alembert doutait de cette apparente évidence. Pour quelles raisons ? Il remettait en cause l'hypothèse, purement mathématique, d'équiprobabilité des lancers de la pièce, qui ne lui paraissait pas physiquement fondée. Dans la vie réelle, les notions de temporalité des évènements et de causalité lui apparaissent comme des obstacles au concept mathématique d'indépendance, et donc d'équiprobabilité des lancers.
L'erreur faite par D'Alembert a été jugée très sévèrement par ses contemporains, dont Laplace, dont les arguments... donnaient finalement du grain à moudre aux arguments avancés par D'Alembert ! On le voit, la naissance d'une nouvelle science, en l'occurrence les probabilités, ne se fait pas en un jour. L'article, très fouillé sur le plan historique, évoque ainsi les origines hésitantes du calcul des probabilités, l'opposition entre deux conceptions du monde (mathématique versus physique : qu'est-ce que le "bon sens" in fine ?), et le fait que même les plus grands esprits ont pu (et peuvent encore) se tromper. Les jeux de hasard les plus simples peuvent donner naissance à d'extraordinaires développements !
D'Alembert et "pile ou face", une querelle historique a été publié dans le numéro 175 de Tangente.
Léo Gerville-Réache est Maître de Conférences de l'Université de Bordeaux depuis quinze ans. Il y enseigne la statistique auprès d'étudiants en sciences du sport mais également en école d'ingénieur. Ses recherches au sein du groupe statistique et probabilités de l'Institut de Mathématiques de Bordeaux ont évolué au gré de ses rencontres : de la fiabilité au sport, de la cognitique aux sondages. Depuis quatre ans, ce sont les paradoxes de théorie de jeux et de philosophie analytique en situation d'incertitude qui occupent l'essentiel de son temps. Du paradoxe de la Belle au bois dormant au dilemme du prisonnier, du principe d'indifférence au paradoxe des deux enveloppes, il nage souvent à contre-courant en tentant d'expliquer l'inexplicable. Il vient de rejoindre le groupe cognitique du laboratoire de l'Intégration du Matériau au Système pour y développer des recherches sur la complexité des biosignaux
Le thème : il arrive souvent que l'on doive prendre des décisions... alors même que l'on ne connaît pas toutes les données du problème ! Évidemment, il est impossible de revenir en arrière : chaque décision prise, alors qu'arrivent de nouvelles informations, est irrévocable. Existe-t-il alors une stratégie qui puisse garantir au décideur que sa décision ne sera pas, disons, « deux fois plus mauvaise » que la solution optimale ? Eh bien oui : les « algorithmes en ligne » permettent, en contexte incertain, de ne pas faire de trop mauvais choix...
Les algorithmes en ligne, prendre des décisions sans connaitre l'avenir a été publié dans le numéro 176 de Tangente.
Depuis 2008, Christian Laforest habite et travaille en Auvergne. Il est enseignant à l'école d'ingénieurs en informatique ISIMA, chercheur au laboratoire LIMOS et professeur à l'université Blaise Pascal (bientôt université Clermont-Auvergne). Lors du premier concours organisé en 2014, son article (sur la notion d'algorithme d'approximation) avait retenu l'attention du jury qui lui avait décerné une mention. C'est ce qui l'a encouragé à aller plus loin dans l'aventure de la vulgarisation. Il garde comme objectif de présenter les notions de manière accessible, privilégiant les exemples et les illustrations. Sa démarche illustre son désir de « donner envie » aux curieux, jeunes ou moins jeunes, de s'approprier des notions qui font partie du paysage culturel en devenir, et qui n'ont pas vocation à rester enfermées dans les laboratoires.
Le vainqueur de l'an dernier récidive avec un nouvel article intitulé Les mystères des déformations caoutchouteuses dont voici le thème : La pâte à modeler se prête merveilleusement bien à des études mathématiques originales. Le domaine qui s'intéresse aux propriétés des formes molles, que l'on peut étirer et déformer à loisir, se nomme la topologie. Contre toute attente, cette géométrie du caoutchouc trouve des applications en biologie : la topologie permet en particulier d'appréhender le fonctionnement de l'ADN, ce « sac de nœuds » qui semblait trop complexe pour être un jour démêlé !
Fabien Aoustin, un jeune enseignant habitant Saint-Quentin (Aisne), est le premier vainqueur du prix pour son article intitulé : La perspective, de l'art à la démonstration.
Pour le jury, c'est une belle tentative de replacer la géométrie projective dans son contexte historique et de mettre à la portée du plus grand nombre une notion un peu délicate de géométrie. L'article, bien écrit, agrémenté de dessins nombreux et pertinents, touche aux résultats de Poncelet, Desargues, Pappus…
L'article La perspective, de l'art à la démonstration est paru dans le numéro 162 de Tangente.
Fabien Aoustin, enseigne depuis six ans au lycée Condorcet de Saint-Quentin (Aisne). Actif, Fabien Aoustin l'est dans de nombreux domaines. Dans le cadre de son métier, il essaie de faire vivre l'activité mathématique auprès de ses élèves : participation à des concours (Castor, Kangourou…), atelier Math.en.Jeans, invitation de chercheurs en maths ou en histoire des sciences à la rencontre des élèves, etc. Il s'intéresse aussi à la musique, la bande dessinée, la littérature... Il a même gagné en 2012 un prix de bandes dessinées organisé par le site Images des mathématiques. Il n'a pu se déplacer… parce qu'il était pris par les enregistrements de Questions pour un champion avec ses élèves ! Des élèves qu'il fait participer également au prix Tangente des lycéens.
Deux candidats ont obtenu une mention, qui se matérialise sous la forme d'un diplôme créé par l'artiste Sellig Zed :